Le Lab
Notre arrivée au FCL de Copenhague nous en a mis plein les mirettes. Nous avons découvert non sans émerveillement, près de 300m2 dédiés à l’exploration, la création et la réflexion. Une impression de retour dans le futur! Cet espace est aussi bien ouvert aux étudiants suivant le bachelor primaire spécialisé dans le numérique qu’aux enseignants déjà sur le terrain et désireux de réfléchir à comment transposer les nouvelles technologies dans leurs environnement scolaire de manière efficiente. Le Lab est donc bien plus qu’un vaste lieu d’expérimentation ludique, par la réflexion, il propose aux enseignants de s’approprier leur espace de classe autrement. Que ce soit du côté des élèves ou des enseignants, l’humain est placé au centre de la réflexion.
Du côté enseignant par exemple, la charte définissant le cadre de leur pratique est fièrement placardée sur un pilier de l’espace. Le point 7 : “Use your persona “, nous a particulièrement inspirées. Ne pas avoir peur d’être soi-même et d’utiliser ses propres expériences pour “colorer” son enseignement est une pratique que nous garderons précieusement dans notre boîte à outils de futures enseignantes.
Le Play Lab
C’est la version pour les minis ! Sur le même étage, se trouve un espace dédié aux élèves du cycle I. Ici, la tech prend moins de place. Les étudiants et les équipes pédagogiques qui investissent les lieux, réfléchissent ensemble à des problématiques rencontrées durant leurs pratiques professionnelles. Au rez de ce bel espace, trônent fièrement quelques vieilles commodes soigneusement chinées transformées en petit Lab mobile à installer en classe. Une belle idée dont les enseignants peuvent s’inspirer pour faire vivre leur classe.
Nous avons découvert des outils simples mais efficaces comme la roue de planification en photo ci-dessous. Cette dernière permet de paramétrer une situation d’enseignement en choisissant l’environnement dans lequel elle va se dérouler, le thème abordé, les moyens utilisés et enfin la modalité de jeu choisie. Que ce soit en amont pour préparer sa planification, ou suite à une période d’enseignement pour analyser sa pratique, la roue de planification permet d’ouvrir la discussion et d’avoir une vision globale des facteurs ayant fonctionné ou perturbé la séquence d’enseignement.
Courage of failure
Dès le début de la visite, le ton est donné par Lise : il n’y a pas de questions stupides. Elle nous engage à explorer et à essayer même si nous ne sommes pas familières avec les outils. Et surtout, elle nous explique que le LAB cultive le « courage of failure », qu’on peut traduire par « le courage d’échouer ». Un concept peu valorisé à l’école, où la réussite est omniprésente. Le concept semble inévitable avec des matières comme la technologie, qui peut souvent confronter son utilisateur à des bugs et à des échecs.
Lise nous explique l’importance que les erreurs et les échecs ont dans le LAB. Chaque échec permet à l’enseignant d’apprendre quelque chose sur sa séquence, les difficultés rencontrées par les élèves, ce sur quoi il faut encore travailler, etc… Cette conception de l’échec nous a plu et nous a inspiré. Elle fait partie du mindset général prôné par le LAB (lire ci-dessous).
Shitty Robots
Dans l’après-midi, nous rencontrons les étudiant-es pour une première activité dans le LAB. Et quelle activité ! Lise nous met au défi de réaliser un shitty robot (un robot de m*, comme la célèbre Simone Giertz) en 35 minutes, par groupe. Nous sommes intégrées dans un groupe et le défi commence ! Le projet se réalise en suivant les étapes clés de création selon le LAB : présentation, recherche, expérimentation, production et feedback.
Il est fascinant de voir comment les différents groupes ont imaginé des robots en quelques minutes ; un réveil qui danse, un robot qui agite un drapeau, un jouet pour chat ou encore un robot qui amène une sucette. Il faut dire que le matériel à disposition ne met aucune limite! Tous les groupes ont décidé de coder leur robot avec le programme … (Lego).
Cette activité nous a permis de découvrir la “table de Feedback” du LAB. Une petite table toute simple qui se déplace avec l’enseignante de groupe en groupe pour donner des rétroactions. Sa particularité? Des pictogrammes pour poser des questions, donner des bons points ou des ajustements. Et surtout, une boîte de lunettes que l’enseignante enfile selon ce qu’elle va dire. Les lunettes jaunes pour l’optimisme, les noirs pour le risque, les bleus pour les valeurs, etc… Un outil tout simple et qui nous a autant étonnées que séduites!
Le projet s’est terminé par une mise en commun avec une réflexion sur la frustration de ne pas présenter un modèle fini et qui fonctionne (ce qui était pourtant le but ici). Lise nous présente le modèle de Ejsing-Duun and Tosca (2017) pour parler de plusieurs aspects sur lesquels nous avons travaillé grâce à notre projet (opérationnel, exploration ou encore la beauté du produit fini). Finalement, Lise nous parle de la pensée abductive, soit le fait de réactiver la connexion entre l’activité physique et la pensée abstraite. Un accent est aussi mis sur l’imagination, évidemment au coeur de cet exercice passionnant, qui nous a plongé dans un monde de tous les possibles durant une petite heure.