Peers KP 2023 – Jour 2

Peers KP 2023 – Jour 2

Activités pédagogiques avec des classes danoises

Visite de l’école de Katrinedals Skole

Description de l’école et réflexions sur l’espace et l’organisation :

Nous avons visité une école se trouvant dans la ville de Copenhague. Une école typique du pays regroupant des classes de primaire. Étant 6 observateurs, nous avons été séparés en 2 groupes de trois. Chacun des groupes a pu s’immerger dans une petite classe afin d’observer. Cela a été notre toute première expérience au sein d’une classe danoise.

L’établissement en lui-même a une architecture très moderne et ouverte pour ce qui est de la place commune intérieure centrale. En effet, on y trouve une grande bibliothèque centrale au design très épuré. Cependant, une fois entrés dans une classe, nous nous retrouvons dans un espace très traditionnel. Une petite classe avec une architecture plutôt ancienne. Ce qui est impressionnant, c’est que l’espace est plutôt restreint, accueillant pourtant des classes d’environ 25 élèves. Les tables sont d’ailleurs bien plus petites que les nôtres et sont en formes de triangles.

Nous remarquons une homogénéité dans l’organisation des groupes d’élèves. Il y a des groupes composés exclusivement de filles et d’autres de garçon. Ce qui est aussi remarquable, c’est que la classe a été répartie en fonction de ceux qui participent et ceux qui participent moins. Nous nous sommes retrouvés dans une classe où l’enseignant communiquait exclusivement en danois avec les élèves. Ne comprenant pas cette langue, nous nous sommes focalisés, non pas sur le thème et le contenu, mais plutôt sur la manière de travailler. Pas sur le « quoi et le pourquoi », mais plutôt le « comment ». Nous avons donc beaucoup observé la gestuelle, le comportement non verbal des élèves ainsi que l’intervention des enseignants auprès d’eux.

Après une matinée passée au sein de cette classe, je me suis posé la question suivante : « Hormis la langue et le fait que nous soyons conscients d’être dans une classe étrangère, qu’est-ce qui m’indique que je ne me trouve pas dans une classe helvétique ? » Ce qui est a été principalement relevé est la gestion de la classe par les enseignants qui semble assez différente de la nôtre. En effet, les enseignants danois ont tendance à laisser les élèves évoluer dans la tâche sans vraiment intervenir au niveau du comportement. Ils se montrent cependant disponibles, mais ne vont pas forcément s’adresser à un élève pour lui dire de travailler. En revanche, quand quelqu’un parle en collectif, les enseignants exigent l’attention de tout le monde.

Finalement, nous remarquons, via la manière de les faire travailler en permanence en groupes, cette volonté de les mettre directement en action et donc de les rendre acteurs de leur apprentissage. Cette volonté que l’apprentissage doit se faire par le jeu ou la construction est remarquable.

Coding class :

Durant la matinée, nous avons eu la chance de pouvoir observer une activité menée dans deux classes avec des élèves d’un âge comparable à des 8P. Un intervenant externe de « coding class » était présent. Il nous a expliqué qu’il voyait en tout la classe 5 fois pour réaliser différentes activités. Durant toute la journée, les élèves développent un projet. Des représentants d’une entreprise viennent présenter une problématique et les élèves travaillent en groupe afin de proposer des solutions. 

Chaque année « coding class » organise en collaboration avec environ 150 entreprises des interventions dans une centaine de classes. Après le pitch, les représentants restent un moment dans la classe pour répondre aux éventuelles questions, puis laissent les élèves travailler en suivant les 5 étapes du processus : 

  1. L’investigation 
  2. Brainstorm
  3. L’organisation des idées 
  4. Le développement de l’idée 
  5. Le prototype 

L’entreprise présente dans la classe que nous avons observée installe des caisses automatiques dans divers commerces et se questionne sur le fait que les jeunes utilisent peu leur dispositif. 

Jusqu’à la récréation, nous avons pu observer les trois premières étapes. Après l’investigation, chaque élève a écrit se idées individuellement sur des post.it puis les a partagées avec les membres de son groupe. Ils ont ensuite disposé les idées sur un tableau en fonction de si elles répondent à la mission et si elle correspond au groupe cible.  

Musée de la communication Enigma – médiation et activité pédagogique

Lors de notre visite au musée de la communication Enigma (www.enigma.dk), nous avons pu suivre un groupe d’élèves de 9H venus faire une visite et suivre une activité autour de la cryptographie. Les élèves étaient répartis en groupes de 4 et ceux-ci avaient été formés à l’avance. Le but de l’activité était d’ouvrir une boîte (faite avec une découpeuse laser) contenant un code. Celle-ci ne pouvait être ouverte qu’avec une clé que les élèves devaient imprimer en 3D.

Pour la modélisation de celle-ci, le logiciel Tinkercad (https://www.tinkercad.com/) permettait de la créer. Les élèves n’ayant jamais utilisé cet outil, l’animateur/enseignant a partagé avec eux un tutoriel dans OneNote. La suite de l’activité contenait les informations nécessaires à l’impression 3D de la clé. Pour que cette partie de modélisation soit plus efficiente, les élèves ont eu pour consigne de partager un espace de travail sur Tinkercad dans lequel chacun des membres du groupe pouvait apporter sa pierre à l’édifice. Ils devaient donc collaborer pour finir l’activité dans les temps. Une fois la modélisation terminée, les instructions étaient transmises à une imprimante. L’impression prenant du temps, l’activité continue la semaine suivante avec l’ouverture de chaque boîte et la découverte d’un code. Il s’agira ensuite d’utiliser différents autres outils comme des makey makey pour continuer à jouer à l’espion.

J’ai regretté de ne pas avoir vu l’activité au complet mais j’aime beaucoup l’idée de combiner différents outils “funs” dans un but pédagogique. Néanmoins, la séquence étant en danois, je n’ai par exemple pas saisi comment les élèves découvraient les dimensions de la clé à imprimer (calculs personnels ou donnés par l’enseignant ?). Dès lors, j’ai un peu peur qu’on tombe à nouveau dans une activité utilisant des objets funs juste pour les utiliser sans réelle visée pédagogique. Toutefois, j’ai été impressionné par le fait que, dans un musée, les élèves pouvaient sans autre se connecter à leur compte et session pédagogique et qu’ils avaient toutes et tous de bonnes notions de l’usage des outils bureautiques sous-jacents.

Voici une vidéo explicative de la suite du processus.

Jour 5 – PEERS Copenhague // Innover en littérature et dans les évaluations

Jour 5 – PEERS Copenhague // Innover en littérature et dans les évaluations

Une matinée d’examens pas comme les autres

Aujourd’hui vendredi, c’est notre dernier jour au sein de la classe danoise au Future Classroom LAB. La journée s’annonce chargée! Nous la débutons par trois heures d’examen avec des étudiants que nous ne connaissons pas encore et qui ont choisi le numérique comme option complémentaire à leur cursus. Par petits groupes, ces étudiants ont dû concevoir une séquence d’enseignement liée au numérique testée en live! En effet, sur le coup des 9h00 une classe d’élèves âgée d’une dizaine d’années a débarqué au Futur Classroom LAB pour tester en groupe les activités préparées. Chaque groupe d’enfants a eu le temps de passer dans deux ateliers. Les thèmes sont divers et variés! Certains groupes ont pu coder leur propre jeu vidéo pendant que d’autres étaient affairés à la conception d’une histoire interactive.

Pendant ce temps Lise Møller, notre hôte et formatrice des étudiants, ainsi que plusieurs autres enseignants du LAB, ont tourné dans les groupes pour évaluer l’efficacité des séquences proposées, la qualité de leur mise en place et l’aisance des futurs enseignants en situation d’enseignement.

De notre côté, nous relevons les avantages que peut avoir cette manière de procéder : 

  1. Les étudiants peuvent dispenser leur séquence à un petit groupe d’élèves à la fois, ce qui est plus aisé.
  1. Ils sont dans un environnement où l’espace et le matériel à disposition sont adéquats à la séquence enseignée.
  2. Ils peuvent améliorer leur leçon entre chaque groupe si nécessaire. 

Et pour terminer, les étudiants sont évalués sur leur pratique, mais ils doivent également remettre un texte réflexif de dix pages  sur la conception de leur leçon, ce qui a fonctionné ou non et faire un retour critique sur leur enseignement.

En immersion dans un poème

L’après-midi, nous découvrons une manière totalement inédite d’étudier un poème grâce à la réalité augmentée, à travers une leçon donnée par Lise. Elle commence par une partie théorique en collectif sur des concepts abordés par les étudiants à travers des textes lus au préalable. Nous parlons de phénoménologie, de remédiation et d’affordance. Des termes compliqués, mais qui se révéleront plus concrets à travers notre activité du jour.

Par groupe, nous avons comme consigne d’analyser un poème d’un auteur danois en anglais. Nous devons répondre à certaines questions purement analytiques avant de se lancer dans une matérialisation de ce poème grâce à la réalité augmentée. Chaque groupe choisit sa technologie en fonction de ce qu’il veut montrer, soit un cube de réalité augmentée soit une landscape sur Cospaces.

Le résultat est très créatif! Nous débattons longuement sur chaque œuvre et tentons d’identifier les éléments tirés directement du texte et ceux qui découlent de notre interprétation. Cet exercice nous montre une manière totalement inédite d’aborder un texte avec les élèves et nous percevons de nombreuses applications possibles! Il permet par exemple de réaliser rapidement les éléments en commun entre chaque groupe et d’en discuter. Nous repartons de cet après-midi avec la croyance et la preuve qu’il est possible d’innover même dans des domaines comme la littérature!

Jour 4 – PEERS Copenhague // Coder en classe, c’est comment?

Jour 4 – PEERS Copenhague // Coder en classe, c’est comment?

Deuxième jour de visite en classe! Nous nous sommes déplacées à Hummeltofteskolen, à 15km au Nord de Copenhague. Nous avons suivi Jakob qui donnait un cours de codage durant toute la matinée dans une classe de 8P. 
Les élèves ont travaillé avec le langage Scratch, qu’ils connaissaient déjà puisqu’ils sont dans une classe “test”, qui a reçu des leçons d’éducation numérique depuis la première année.
La classe a une disposition plus “traditionnelle” que celle du jour d’avant au niveau des tables. Elle est plutôt petite pour plus de 20 élèves et il y a très peu de matériel. 

Le codage

Jakob a introduit les “micro:bit”, qui ont été utilisés comme des sortes de joysticks aux jeux que les élèves ont codé. Nous avons très vite remarqué que les élèves étaient familiers avec le programme. L’installation du micro:bit nous a montré à quel point il est parfois difficile de gérer la réussite du processus pour chaque élève. La manipulation pure de l’outil peut ralentir certains élèves dans leur apprentissage. 

Bien qu’ils étaient engagés dans la tâche, les élèves pouvaient facilement se trouver “bloquer” dans le codage. Ils avaient néanmoins l’air habitués à échanger et n’hésitaient pas à se déplacer pour poser des questions à leurs camarades plus avancés. Ceux-ci avaient d’ailleurs le droit de créer un jeu plus complexe. Ils ont travaillé durant deux heures, sans pause et sans souci de discipline.

Coup de coeur et coup d’oeil

A chaque visite, ses coups de coeur et ses coups d’oeil!

Un coup de coeur au niveau de la gestion de classe; Il était intéressant d’observer que lors des explications collectives données par Jakob, l’enseignante titulaire ne faisait pas un rappel à l’ordre frontal pour capter l’attention des élèves distraits par leur écran. Elle passait dans les rangs et fermait simplement les ordinateurs des élèves.

Le coup d’oeil; la technologie c’est bien, le tableau noir est parfois mieux ! Jakob y est revenu spontanément pour l’explication schématique montrant le parcours que pouvaient faire les petits chats sur le jeu codé par les élèves.

Lego spike test

Après-midi dans le LAB pour expérimenter les Lego Spike et le langage scratch. A nous de jouer!

Jour 3 – PEERS Copenhague // En route pour Bagsværd 

Jour 3 – PEERS Copenhague // En route pour Bagsværd 

Aujourd’hui, nous nous sommes levées aux aurores pour nous rendre dans l’école de Bagsværd située à 12 km au nord-ouest de Copenhague. C’est là que Malthe, Sabine et Gustav, trois étudiants du LAB nous ont accueilli pour les suivre en stage. Durant la matinée, nous allons pouvoir discrètement intégrer un cours d’anglais et de danois.

Notre arrivée dans les classes se fait en fanfare!  Les élèves d’une dizaine d’années, ravis de voir de nouvelles têtes nous posent tout un tas de questions sur les raisons de notre venue, notre métier, et la drôle de langue que nous parlons. Nous nous prêtons au jeu de l’interview en ne dissimulant pas notre plaisir ! Afin de ne pas trop perturber les enfants, nous nous splittons en un binôme par cours.

En anglais, les enfants auraient dû exercer leur compréhension écrite par le biais d’un quizz online (Kahoot) projeté au TBI. Mais la technologie en a décidé autrement. Cela n’a pas fonctionné comme prévu et Mahlte, très réactif, a choisi de travailler l’expression orale en leur proposant le jeu du loup-garou en anglais. Cette leçon sera chargée en émotions pour Malthe puisque c’est son dernier jour de stage dans cette classe.

La suite de la matinée se poursuit avec un cours de danois dispensé par Gustav et Sabine. Le thème de la leçon porte sur la communication et l’argumentation. Afin de développer les compétences en la matière de leurs élèves, Sabine et Gustav ont choisi de passer par un jeu de rôle où deux groupes s’affrontent lors de joutes verbales.

Les activités

Pour aborder la thématique de manière ludique et concrète, Gustav et Sabine ont choisi de mettre leurs élèves en situation en les faisant participer à une plaidoirie. Il s’agit d’une leçon de conclusion sur la thématique et ils ont même enfilé des “costumes” pour l’occasion.

Trois situations concrètes vécues par les enfants ont été sélectionnées par les jeunes enseignants: la semaine de la science, Halloween et les règles d’un jeu de balle . Deux groupes d’élèves constitués au préalable se sont affrontés autour du cas qui leur a été attribué et ont dû user d’arguments convaincants afin de remporter le vote des autres groupes et de la juge incarnée par Sabine! 

Les stagiaires ont introduit le thème par un court rappel sur le décryptage des stratégies de communication selon Ethos, Pathos et Logos. Puis les enfants se sont lancés dans l’activité à proprement parler en rédigeant leurs arguments durant une vingtaine de minutes. Une fois le travail terminé, les joutes verbales ont pu débuter! Tout au long de l’activité, nous avons pu observer des élèves concentrés, motivés et engagés dans la tâche que ce soit lors de leur prise de parole lors des joutes ou pour donner leur avis au moment du vote.

Après leur leçon, les stagiaires nous expliquent qu’ils essaient de concevoir leur enseignement selon le modèle “design” utilisé au LAB, soit avec les différentes phases d’introduction, recherche, production et présentation. C’est assez innovant, mais nous remarquons que d’une manière générale, les élèves sont plus “libres” que dans les classes suisses. Les tables sont disposées en îlots et les élèves ont peu d’affaires personnelles (un casier chacun), puisque beaucoup de ressources sont sur leurs ordinateurs, fournis par l’école. 

Les élèves sont souvent en mouvement. Dans les couloirs, ils sont nombreux à s’installer dans plein de positions différentes pour travailler sur des espaces aménagés à cet effet. Une manière de fonctionner inspirante, qui change de ce que nous avons l’habitude de voir en Suisse romande.

Rituels et routines en classe

Les rituels et routines de cette classe sont bien rôdés. Le ton n’a jamais été haussé durant notre leçon mais les élèves sont bien cadrés et respectent les règles de vie de la classe. Les codes sont pour la majorité signés ! On lève la main quand on souhaite prendre la parole, on lève l’auriculaire pour se rendre aux toilettes, on se frotte les mains pour abonder dans le sens d’un camarade qui s’exprime, mais sans pour autant l’interrompre. Pour le retour au calme avant et après chaque activité, l’enseignante frappe dans ses mains à des rythmes variés que les élèves reproduisent à l’unisson. L’enseignante continue jusqu’à ce que chaque élève adopte le rythme.

Jour 2 – PEERS Copenhague // Ils savent coder!

Jour 2 – PEERS Copenhague // Ils savent coder!

Nous passons la matinée avec Jakob et un enseignant responsable du programme Coding Class. Nous assistons à la dernière leçon; la présentation des projets par les élèves (âgés de 12-13 ans). Par groupe, ils ont imaginé leur “Future classroom” avec le programme Codespaces.

Les présentations sont en danois, mais nous avons la chance de voir le résultat final, projeté sur grand écran! Chaque groupe raconte l’histoire de son projet et ce qu’il a imaginé. Nous ne saisissons pas tout, mais nous sommes impressionnées par leur aisance à parler devant la classe et par leur engagement. Il faut dire qu’ils s’y préparent depuis de nombreuses semaines.

Jakob nous explique que les élèves ont suivi 4 sessions de 5 heures avant cette présentation. Pour apprendre à coder, mais aussi pour s’imprégner du « design concept ». Le programme Coding Class leur a permis de travailler sur le même projet simultanément depuis plusieurs ordinateurs.

Un fort accent est mis sur les « feedbacks », autant de la part des autres élèves que des professeurs.

Un après-midi au LAB

L’après-midi, nous avons du temps pour explorer le LAB, par nous-mêmes et avec les élèves rencontrés le matin qui le découvrent également. Au menu, quelques robots, l’exploration du matériel caché et du gaming, l’activité préférée des enfants (et des adultes qui se lancent dans une partie de Fifa durant la mi-temps du match de football du Danemark…!).

La journée se termine par une soirée féérique dans le parc de Tivoli. Un « must see » absolu à Copenhague, surtout à la période de Noël!